"Quand il n'y a pas mort d'hommes." Socio-histoire du féminicide en France (1791-1976) - Thèses de l'ENS de Lyon Accéder directement au contenu
Thèse Année : 2023

« No (male) harm, no foul. » A socio-historical analysis of femicide in France (1791-1976)

"Quand il n'y a pas mort d'hommes." Socio-histoire du féminicide en France (1791-1976)

Résumé

This political science thesis lies at the crossroads of the social history of political ideas, the socio-history of social facts and gender studies. On the one hand, it traces the evolution of political, legal and sociological interpretations of the murder of women before the conceptualization of the notion of femicide in 1976, when it was defined by D. H. Russell as “the murder of a women because they are women”. Based on cases tried in the Rhône assize courts between 1791 and 1976, this study examines the characteristics of murders of women, and discusses whether they can be categorized as femicides. We identify two major paradigms, one inherited from the French Revolution, the other forged throughout the 19 th century, which identify femicides successively as a crime of marriage (“murder of a spouse”) and then as a crime of passion (“drama of love”). These two “marriage-oriented” and “passion-oriented” readings have long stood in the way of the identification of structural violence dynamics, subsumable under the category of femicide and graspable in the light of social relations between the sexes. However, an analysis of court cases demonstrates the persistence of common social traits and the recurrence of scripts in a variety of cases that goes beyond the sole crimes between spouses or crimes of intimacy – the only ones that have so far really been the subject of a (legal, political or scientific) theorization. In this way, murders such as those that accompany or are motivated by theft, murderous rape, matricide or the murder of women resisting the patriarchal order are all social facts that can be qualified as femicide. They appear as the result of gendered targeting of women and male predation. Thus, as one of many punishment mechanisms towards women’s agency, femicides usually take the form of extreme violence aimed at maintaining women in a subaltern position.
Cette thèse de science politique s’inscrit à la croisée de l’histoire sociale des idées politiques, de la socio-histoire des faits sociaux et des études de genre. Elle propose, d’une part, de retracer l’évolution des lectures politiques, juridiques et sociologiques faites du meurtre de femmes avant l’avènement du concept de féminicide en 1976, lorsqu’il est défini par D. H. Russell comme « meurtre d’une femme parce qu’elle est une femme ». D’autre part, elle étudie, à partir d’affaires judiciaires jugées en cours d’assises du Rhône entre 1791 et 1976, les caractéristiques des meurtres de femmes en discutant ce qui permettrait de les catégoriser ou non comme féminicides. Elle identifie deux paradigmes majoritaires, l’un hérité de la Révolution française, l’autre forgé au long du XIX e siècle, lesquels produisent une identification du féminicide successivement comme crime du mariage (« meurtre d’un·e épou·x·se ») puis comme crime passionnel (« drame de l’amour »). Ces deux lectures, conjugaliste et passionnelle, font obstacle à l’appréhension d’un véritable fait social structurel, subsumable sous la catégorie unitaire de féminicide et saisissable à l’aune des rapports sociaux de sexe. L’analyse des affaires judiciaires permet pourtant de prouver la persistance de traits sociaux communs et la récurrence de scripts dans d’autres meurtres que les seuls crimes entre époux ou crimes de l’intime, les seuls ayant réellement fait l’objet d’un effort de théorisation (juridique, politique, médiatique ou scientifique). Ce faisant, des meurtres comme ceux qui accompagnent ou sont motivés par le vol, les viols meurtriers, les matricides ou l’assassinat de femmes résistant à l’ordre patriarcal sont autant de faits sociaux qualifiables de féminicide. Ils résultent en effet d’une volonté de ciblage genrée, procèdent de logiques de prédation masculine et de sanction de l’agentivité de certaines femmes et se traduisent par l’exercice d’une violence extrême visant à maintenir les femmes en position subalterne.
Fichier principal
Vignette du fichier
GIACINTI_Margot_2023ENSL0091_These.pdf (7.7 Mo) Télécharger le fichier
Origine : Version validée par le jury (STAR)

Dates et versions

tel-04480226 , version 1 (27-02-2024)

Identifiants

  • HAL Id : tel-04480226 , version 1

Citer

Margot Giacinti. "Quand il n'y a pas mort d'hommes." Socio-histoire du féminicide en France (1791-1976). Science politique. Ecole normale supérieure de lyon - ENS LYON, 2023. Français. ⟨NNT : 2023ENSL0091⟩. ⟨tel-04480226⟩
349 Consultations
1014 Téléchargements

Partager

Gmail Facebook X LinkedIn More