Pluri-infestations et contrainte parasitaire: aspects parasitologiques, immunologiques et anatomopathologiques dans le modèle souris/ Filaire-Plasmodium
Abstract
Dans le cadre d’une interaction hôte-parasite, des adaptations réciproques sont mises
en place par chacun des deux protagonistes, pour maximiser ou au contraire minimiser la
réussite parasitaire. Le système immunitaire de l’hôte joue un rôle majeur dans ces
mécanismes de régulation. Chez la souris Mus musculus, de nombreuses études ont été
réalisées en laboratoire sur des mono-infestations expérimentales avec des parasites naturels
ou non de la souris. Cependant, en conditions naturelles, un hôte est souvent infesté par
plusieurs espèces de parasites. Des études expérimentales de multi-infestations reflèteraient
ainsi mieux les conditions naturelles des interactions. Dans ce travail, nous avons réalisé des
co-infestations contrôlées et simultanées d'une lignée consanguine de souris avec deux
espèces de parasites : la filaire Litomosoides sigmodontis et l'apicomplexe Plasmodium spp.
Du fait de la disponibilité d'un grand nombre de souches de Plasmodium dans les collections
du Muséum National d'Histoire Naturelle, la première étape de cette étude a été de
sélectionner des souches non létales de Plasmodium présentant un seul pic de parasitémie.
Nous avons retenu P. yoelii yoelii clone 1.1 dans une première étude où des paramètres de la
réponse immunitaire ont été étudiés, et P. chabaudi chabaudi 864VD dans une deuxième
étude où une analyse préliminaire des lésions anatomopathologiques a été effectuée. Les
paramètres immunologiques et phénotypiques pris en compte mettent en évidence des
différences entre les mono- et les co-infestations. En situation de co-infection, nous montrons
que les deux parasites sont capables de se développer en présence l'un de l'autre, mais chacun
a un effet limitant sur l'autre; le pic de parasitémie plasmodial est plus bas et la charge
filarienne réduite en situation de co-infection. Cette modification phénotypique est à associer
avec des différences immunitaires aussi bien dans la voie Th2 (réponse IL-5 prépondérante
dans l'infection filarienne, absente en co-infection) que dans la régulation immunitaire (l'IL-10
mesurée dans l'infection plasmodiale est immunorégulée par la présence concomitante de la
filaire). La co-infection n'a cependant pas d'effet sur la splénomégalie induite par
Plasmodium, et ceci quelle que soit la souche de Plasmodium utilisée. Enfin la caractérisation
des lésions par une étude anatomopathologique pourrait contribuer à mieux définir les
différentes souches de Plasmodium de rongeurs et aider à discriminer l'impact de l'infection
filarienne sur les lésions dues à l'infection plasmodiale.
L’intérêt en immunologie et en anatomopathologie de ce modèle de pluri-infestation chez la
souris consanguine est donc confirmé par cette étude préliminaire.
Domains
Parasitology
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